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Taddeo Gaddi
La résurrection du Christ dans une lettrine R
Found at
Artcurial,
Paris
Old Master & 19th Century Art, Lot 162
9. Nov - 9. Nov 2022
Old Master & 19th Century Art, Lot 162
9. Nov - 9. Nov 2022
Estimate: XX.XXX
Price realised: XX.XXX
Price realised: XX.XXX
Description
Enluminure sur parchemin, fragment de folio d'antiphonaire
(Manques à la dorure)
The resurrection of Christ in an initials R, illumination on parchment, fragment of an antiphonal folio, by T. Gaddi
h: 37 w: 25 cm
Commentaire : A l'intérieur de l'espace délimité par la lettre R, définie par des volutes d'acanthes, bleues, rouges, blanches et vertes, le peintre a placé la scène de la Résurrection du Christ. Dans la boucle supérieure, le Christ vêtu d'un ample manteau blanc découvrant la plaie costale se tient debout, frontalement : de la main droite il bénit, de la gauche il maintient la hampe de la bannière blanche frappée de la croix rouge -symbole de sa victoire sur la mort- qui se déploie dans les airs. Il surplombe ainsi la partie inférieure de la lettre où, devant un paysage de vallée bordée de deux collines surmontées chacune d'un arbre, les soldats endormis encadrent le sarcophage fermé.
Nous avons ici la formule iconographique du Christ ressuscité planant miraculeusement au-dessus du tombeau fermé qui, selon l'étude de M. Meiss1, apparait à Florence dans le troisième quart du XIVe siècle2. Ce type impliquant l'idée du surnaturel, s'oppose à l'image du Christ 'actif', debout devant le tombeau ou s'apprêtant à en sortir un pied posé sur le rebord, formule plus communément représentée au début du XIVe siècle en Toscane.
L'admirable mise en page de cette scène qui se déroule derrière la lettre, comme au travers d'un portique, où l'artiste a su tirer le meilleur parti de l'espace qui lui était imparti et donner avec justesse l'illusion de la profondeur, de l'espace et de l'éclairage, dénote une personnalité artistique de haut niveau. Nous suggérons de donner cette miniature inédite an pinceau de Taddeo Gaddi, l'un des principaux élèves de Giotto qui, aux dire de Cennino Cennini, reste vingt-quatre ans dans l'atelier du maître. Ce temps lui permit d'assimiler pleinement la leçon naturaliste du grand peintre révolutionnaire florentin et d'y ajouter sa marque personnelle, entre autres un goût pour les architectures fantaisistes imaginaires et une attention particulière aux effets illusionnistes de l'espace et de la lumière, sensibles dans son œuvre majeure : les fresques de la chapelle Baroncelli peintes vers 1328-1330 dans l'église de Santa Croce de Florence.
Au long de sa carrière, Taddeo Gaddi a traité le thème de la Résurrection en choisissant chaque fois une iconographie différente : au début, dans l'armoire aux reliques pour l'église Santa Croce (Florence, Accademia), et nettement plus tard vers 1365, dans la fresque fragmentaire de l'église florentine de Santa Maria Nuova, il a choisi le Christ 'actif', mais dans deux miniatures de Codex pour Santa Croce qui lui sont attribuées par A. Ladis, le Christ répond au schéma 'spirituel' (Codex D follio 33 ; Codex P folio 1, fig. 1)4.
Dans ces deux miniatures qui incluent l'épisode des trois Maries, nous retrouvons la disposition de la scène en deux registres superposés, - le Christ prenant appui sur les jambages de la lettre - ainsi que le même dessin du tombeau. L'expression de l'espace et les proportions des personnages paraissent plus proches de notre exemple dans la miniature du Codex D où le corps du Christ (bien que de profil) enveloppé dans de lourdes draperies, offre les mêmes caractères de plasticité que dans notre miniature.
Ladis place ces miniatures vers 1353, date à laquelle Taddeo Gaddi termine le retable de l'église San Giovanni Fuorcivitas de Pistoia. Plus encore que les miniatures citées, c'est vraiment à ce retable que le style de notre miniature correspond le mieux : la vision de le scène de l'Annonciation du pinacle central se déroule au travers de l'architecture du cadre comme nous l'avons noté pour notre miniature et le visage de saint Jacques dans ce retable trouve son exact correspondant dans celui du Christ : de forme ovale, au front large, à la barbe courte, encadré d'une chevelure légèrement ondulée, un modelé subtil, délicatement ombré, une expression de dignité intériorisée, un sentiment d'impassibilité, tout ceci indique une identité d'esprit et de facture que l'on retrouve également dans la description des draperies. Le rapprochement de notre miniature avec le retable de Pistoia, permet de placer la réalisation de celle-ci sans doute peu après 1353 et son iconogr
(Manques à la dorure)
The resurrection of Christ in an initials R, illumination on parchment, fragment of an antiphonal folio, by T. Gaddi
h: 37 w: 25 cm
Commentaire : A l'intérieur de l'espace délimité par la lettre R, définie par des volutes d'acanthes, bleues, rouges, blanches et vertes, le peintre a placé la scène de la Résurrection du Christ. Dans la boucle supérieure, le Christ vêtu d'un ample manteau blanc découvrant la plaie costale se tient debout, frontalement : de la main droite il bénit, de la gauche il maintient la hampe de la bannière blanche frappée de la croix rouge -symbole de sa victoire sur la mort- qui se déploie dans les airs. Il surplombe ainsi la partie inférieure de la lettre où, devant un paysage de vallée bordée de deux collines surmontées chacune d'un arbre, les soldats endormis encadrent le sarcophage fermé.
Nous avons ici la formule iconographique du Christ ressuscité planant miraculeusement au-dessus du tombeau fermé qui, selon l'étude de M. Meiss1, apparait à Florence dans le troisième quart du XIVe siècle2. Ce type impliquant l'idée du surnaturel, s'oppose à l'image du Christ 'actif', debout devant le tombeau ou s'apprêtant à en sortir un pied posé sur le rebord, formule plus communément représentée au début du XIVe siècle en Toscane.
L'admirable mise en page de cette scène qui se déroule derrière la lettre, comme au travers d'un portique, où l'artiste a su tirer le meilleur parti de l'espace qui lui était imparti et donner avec justesse l'illusion de la profondeur, de l'espace et de l'éclairage, dénote une personnalité artistique de haut niveau. Nous suggérons de donner cette miniature inédite an pinceau de Taddeo Gaddi, l'un des principaux élèves de Giotto qui, aux dire de Cennino Cennini, reste vingt-quatre ans dans l'atelier du maître. Ce temps lui permit d'assimiler pleinement la leçon naturaliste du grand peintre révolutionnaire florentin et d'y ajouter sa marque personnelle, entre autres un goût pour les architectures fantaisistes imaginaires et une attention particulière aux effets illusionnistes de l'espace et de la lumière, sensibles dans son œuvre majeure : les fresques de la chapelle Baroncelli peintes vers 1328-1330 dans l'église de Santa Croce de Florence.
Au long de sa carrière, Taddeo Gaddi a traité le thème de la Résurrection en choisissant chaque fois une iconographie différente : au début, dans l'armoire aux reliques pour l'église Santa Croce (Florence, Accademia), et nettement plus tard vers 1365, dans la fresque fragmentaire de l'église florentine de Santa Maria Nuova, il a choisi le Christ 'actif', mais dans deux miniatures de Codex pour Santa Croce qui lui sont attribuées par A. Ladis, le Christ répond au schéma 'spirituel' (Codex D follio 33 ; Codex P folio 1, fig. 1)4.
Dans ces deux miniatures qui incluent l'épisode des trois Maries, nous retrouvons la disposition de la scène en deux registres superposés, - le Christ prenant appui sur les jambages de la lettre - ainsi que le même dessin du tombeau. L'expression de l'espace et les proportions des personnages paraissent plus proches de notre exemple dans la miniature du Codex D où le corps du Christ (bien que de profil) enveloppé dans de lourdes draperies, offre les mêmes caractères de plasticité que dans notre miniature.
Ladis place ces miniatures vers 1353, date à laquelle Taddeo Gaddi termine le retable de l'église San Giovanni Fuorcivitas de Pistoia. Plus encore que les miniatures citées, c'est vraiment à ce retable que le style de notre miniature correspond le mieux : la vision de le scène de l'Annonciation du pinacle central se déroule au travers de l'architecture du cadre comme nous l'avons noté pour notre miniature et le visage de saint Jacques dans ce retable trouve son exact correspondant dans celui du Christ : de forme ovale, au front large, à la barbe courte, encadré d'une chevelure légèrement ondulée, un modelé subtil, délicatement ombré, une expression de dignité intériorisée, un sentiment d'impassibilité, tout ceci indique une identité d'esprit et de facture que l'on retrouve également dans la description des draperies. Le rapprochement de notre miniature avec le retable de Pistoia, permet de placer la réalisation de celle-ci sans doute peu après 1353 et son iconogr