Kees Van Dongen
Le Sentier de la vertu
Found at
Christies,
Hong Kong
La Collection Sam Josefowitz: Vente du Soir, Lot 122
20. Oct - 20. Oct 2023
La Collection Sam Josefowitz: Vente du Soir, Lot 122
20. Oct - 20. Oct 2023
Estimate: 500.000 - 800.000 EUR
Price realised: 567.000 EUR
Price realised: 567.000 EUR
Description
Cette œuvre sera incluse au catalogue raisonné en ligne de l'œuvre de Kees van Dongen actuellement en préparation par le Wildenstein Plattner Institute.
Le Sentier de la vertu (1913) est l’une des rares peintures de Van Dongen à avoir été assez précisément datée. Le peintre a inscrit au dos de la toile le titre et la date à laquelle le tableau a été peint: ‘janvier 1913’. La peinture n’a cependant pas fait partie de l’exposition consacrée à Van Dongen à la galerie Bernheim-Jeune le même mois (du 27 janvier au 8 février). Elle a sûrement été acquise par Bernheim-Jeune quelques temps plus tard. Cette hypothèse correspond au numéro «19884» inscrit au dos, faisant référence à un achat en février ou en mars (J. Melas Kyriazi, op. cit., p. 126).
La représentation de Van Dongen des cavaliers et des promeneurs au Bois de Boulogne, plus particulièrement la manière dont il les a peint, est conforme à cette période. L’atmosphère est hivernale, les arbres sont nus. Quelques dernières feuilles sont rendues dans des gris clairs et foncés, une teinte qui se mélange à celle du ciel et s’harmonise avec le vert transparent des sous-bois. L’exécution fluide de cette peinture s’accorde également parfaitement avec les ébauches des silhouettes, le format vertical de la toile et le chemin représenté en perspective. Van Dongen a utilisé tous ces éléments dans le but de mettre en évidence les personnages principaux de ce tableau, l’élégante solitaire au centre du premier plan et le cavalier à sa droite, qui la regarde en passant. Le sujet rappelle la description par Charles Baudelaire de l’art sensuel de Constantin Guys dans Le Peintre de la vie moderne (1863). Le titre de la peinture, Le Sentier de la vertu, semble contredire cela. Mais ce titre ambigue, n’est-il pas justement un commentaire ironique du caractère indécent de la scène? Ou bien la mondaine solitaire rejette-t-elle froidement les avances du cavalier? La froideur et la distance alternent avec la séduction et l’élégance, jusqu’au moindre détail comme la fourrure des manchons et du col.
L’autre sujet indirect de cette œuvre est la mode de Paul Poiret, représentée ici par la jupe étroite tombant sur les chevilles, proche d’une jupe-culotte, et le chapeau oriental à plume, semblable à un turban. Avec cette silhouette élancée
– libérant les femmes des jupons et des corsets – Poiret a créé un style contemporain et sensuel. En tant que couturier, il était capable de créer une tendance, inspirée du succès des Ballets russes, organisant des fêtes exotiques
auxquelles Van Dongen se rendait de temps en temps, tel que la fête sur le thème arabe «La Mille et Deuxième Nuit» en 1911 et «Les Festes de Bacchus» en 1912 – créant des décors et des costumes de théâtres attrayants et collaborant avec des illustrateurs tels que Paul Iribe et Georges Lepape. Comme personne avant lui, Poiret s’est créé une clientèle exclusive, aussi bien nationale qu’internationale, ainsi que son propre marché. Van Dongen était impressionné par ce développement et fasciné par la nouvelle image de la femme chic.
La mode de Poiret correspondaient parfaitement avec la peinture fluide de Van Dongen et son sens de la couleur, ce qui lui a permis de transformer les spécificités de ce qui l’inspire en caractéristiques artistiques indépendantes et personnelles. En produisant de telles œuvres, Van Dongen a réussi à se libérer, en particulier de sa relation contractuelle avec Bernheim-Jeune, qu’il trouvait trop restrictive. Il redynamise son travail à partir des années 1912-1913, en partie grâce à l’influence d’un voyage en Egypte et à Poiret, comme en témoigne Le Sentier de la vertu et ses œuvres suivantes.
Anita Hopmans
Le Sentier de la vertu (1913) is one of the few paintings by Van Dongen to have been fairly precisely dated. On the back of the canvas he noted both the title and when it was painted, ‘Janvier 1913’. The painting did not however feature in Van Dongen’s solo exhibition at Galerie Bernheim-Jeune that same month (27 January-8 February). However, it was probably acquired for Bernheim-Jeune shortly afterwards. This assumption corresponds with the number ‘19884’ noted on the back, which refers to a purchase in February or March (J. Melas Kyriazi, op. cit., p. 126).
Van Dongen’s impression of riders and walkers in the Bois de Boulogne, particularly the way in which he depicts them, is in line with this period. The atmosphere is wintry, the trees are bare. A few remaining leaves are rendered in light and darker greys, a tone that blends with the sky and harmonises with the transparent green of the undergrowth. The fluent execution of this painting corresponds perfectly with the sketchy quality of the figures, the vertical format of the canvas, and the path rendered in perspective. Van Dongen used all these elements to accentuate the main feature, the solitary élégante in the centre foreground and the rider to the right of her, glancing across. The subject recalls Charles Baudelaire’s description of the sensual art of Constantin Guys in Le Peintre de la vie moderne (1863). The title of the painting, Le Sentier de la vertu, seems to contradict this. But is this title in fact an ironic comment on the wanton character of the scene depicted, or is the lonely mondaine coolly rejecting the attentions of the rider? The cool and distant alternate with the seductive and stylish, right down to details like the fur of the muff and collar. - Galerie Bernheim-Jeune, Paris (acquis auprès de l’artiste en 1913). | Galerie Moos, Genève (en octobre 1918). | Collection Pervana, Athènes. | Sam Josefowitz, Pully (en 1964). | Puis par descendance aux propriétaires actuels.
Le Sentier de la vertu (1913) est l’une des rares peintures de Van Dongen à avoir été assez précisément datée. Le peintre a inscrit au dos de la toile le titre et la date à laquelle le tableau a été peint: ‘janvier 1913’. La peinture n’a cependant pas fait partie de l’exposition consacrée à Van Dongen à la galerie Bernheim-Jeune le même mois (du 27 janvier au 8 février). Elle a sûrement été acquise par Bernheim-Jeune quelques temps plus tard. Cette hypothèse correspond au numéro «19884» inscrit au dos, faisant référence à un achat en février ou en mars (J. Melas Kyriazi, op. cit., p. 126).
La représentation de Van Dongen des cavaliers et des promeneurs au Bois de Boulogne, plus particulièrement la manière dont il les a peint, est conforme à cette période. L’atmosphère est hivernale, les arbres sont nus. Quelques dernières feuilles sont rendues dans des gris clairs et foncés, une teinte qui se mélange à celle du ciel et s’harmonise avec le vert transparent des sous-bois. L’exécution fluide de cette peinture s’accorde également parfaitement avec les ébauches des silhouettes, le format vertical de la toile et le chemin représenté en perspective. Van Dongen a utilisé tous ces éléments dans le but de mettre en évidence les personnages principaux de ce tableau, l’élégante solitaire au centre du premier plan et le cavalier à sa droite, qui la regarde en passant. Le sujet rappelle la description par Charles Baudelaire de l’art sensuel de Constantin Guys dans Le Peintre de la vie moderne (1863). Le titre de la peinture, Le Sentier de la vertu, semble contredire cela. Mais ce titre ambigue, n’est-il pas justement un commentaire ironique du caractère indécent de la scène? Ou bien la mondaine solitaire rejette-t-elle froidement les avances du cavalier? La froideur et la distance alternent avec la séduction et l’élégance, jusqu’au moindre détail comme la fourrure des manchons et du col.
L’autre sujet indirect de cette œuvre est la mode de Paul Poiret, représentée ici par la jupe étroite tombant sur les chevilles, proche d’une jupe-culotte, et le chapeau oriental à plume, semblable à un turban. Avec cette silhouette élancée
– libérant les femmes des jupons et des corsets – Poiret a créé un style contemporain et sensuel. En tant que couturier, il était capable de créer une tendance, inspirée du succès des Ballets russes, organisant des fêtes exotiques
auxquelles Van Dongen se rendait de temps en temps, tel que la fête sur le thème arabe «La Mille et Deuxième Nuit» en 1911 et «Les Festes de Bacchus» en 1912 – créant des décors et des costumes de théâtres attrayants et collaborant avec des illustrateurs tels que Paul Iribe et Georges Lepape. Comme personne avant lui, Poiret s’est créé une clientèle exclusive, aussi bien nationale qu’internationale, ainsi que son propre marché. Van Dongen était impressionné par ce développement et fasciné par la nouvelle image de la femme chic.
La mode de Poiret correspondaient parfaitement avec la peinture fluide de Van Dongen et son sens de la couleur, ce qui lui a permis de transformer les spécificités de ce qui l’inspire en caractéristiques artistiques indépendantes et personnelles. En produisant de telles œuvres, Van Dongen a réussi à se libérer, en particulier de sa relation contractuelle avec Bernheim-Jeune, qu’il trouvait trop restrictive. Il redynamise son travail à partir des années 1912-1913, en partie grâce à l’influence d’un voyage en Egypte et à Poiret, comme en témoigne Le Sentier de la vertu et ses œuvres suivantes.
Anita Hopmans
Le Sentier de la vertu (1913) is one of the few paintings by Van Dongen to have been fairly precisely dated. On the back of the canvas he noted both the title and when it was painted, ‘Janvier 1913’. The painting did not however feature in Van Dongen’s solo exhibition at Galerie Bernheim-Jeune that same month (27 January-8 February). However, it was probably acquired for Bernheim-Jeune shortly afterwards. This assumption corresponds with the number ‘19884’ noted on the back, which refers to a purchase in February or March (J. Melas Kyriazi, op. cit., p. 126).
Van Dongen’s impression of riders and walkers in the Bois de Boulogne, particularly the way in which he depicts them, is in line with this period. The atmosphere is wintry, the trees are bare. A few remaining leaves are rendered in light and darker greys, a tone that blends with the sky and harmonises with the transparent green of the undergrowth. The fluent execution of this painting corresponds perfectly with the sketchy quality of the figures, the vertical format of the canvas, and the path rendered in perspective. Van Dongen used all these elements to accentuate the main feature, the solitary élégante in the centre foreground and the rider to the right of her, glancing across. The subject recalls Charles Baudelaire’s description of the sensual art of Constantin Guys in Le Peintre de la vie moderne (1863). The title of the painting, Le Sentier de la vertu, seems to contradict this. But is this title in fact an ironic comment on the wanton character of the scene depicted, or is the lonely mondaine coolly rejecting the attentions of the rider? The cool and distant alternate with the seductive and stylish, right down to details like the fur of the muff and collar. - Galerie Bernheim-Jeune, Paris (acquis auprès de l’artiste en 1913). | Galerie Moos, Genève (en octobre 1918). | Collection Pervana, Athènes. | Sam Josefowitz, Pully (en 1964). | Puis par descendance aux propriétaires actuels.
Auction result well in line with expectations
The work Le Sentier de la vertu by Kees van Dongen was auctioned at Christies in Hong Kong in October this year. The estimated price for the artwork was previously given by the auction house with a range of EUR 500,000.00 – 800,000.00, the actual price achieved of EUR 567,000.00 could thus just exceed the lower estimate. Of course, this price has nothing to do with the top prices that other works by Kees van Dongen achieve. The highest price we have observed so far was reached by the work La Quiétude in October this year with an auction result of GBP 10,775,000.00 (€ 12,372,693.51).
Auktionsergebnis im Rahmen der Erwartungen
Die Arbeit Le Sentier de la vertu von Kees van Dongen kam im Oktober diesen Jahres bei Christies in Hong Kong zur Auktion. Der Schätzpreis für das Kunstwerk wurde von dem Auktionshaus zuvor mit einer Spanne von EUR 500.000,00 – 800.000,00 angegeben, der tatsächlich erzielte Preis von EUR 567.000,00 konnte den unteren Schätzpreis somit knapp übertreffen. Dieser Preis hat freilich nichts mit den Spitzenpreisen zu tun, die andere Arbeiten von Kees van Dongen erzielen. Den höchsten von uns bisher beobachteten Preis erreichte die Arbeit La Quiétude im Oktober diesen Jahres mit einem Auktionsergebnis von GBP 10.775.000,00 (€ 12.372.693,51).
Kees van Dongen - Auction history
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