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Henri Fantin-Latour
Prélude de Lohengrin, Wagner
Estimate: 70.000 - 100.000 EUR
Price realised: 63.000 EUR
Price realised: 63.000 EUR
Description
« J’ai commencé par copier les Maîtres, puis la vie. Depuis quelques années je peins mes songes. Je suis arrivé lentement de la réalité au rêve. Ce voyage a presque duré toute ma vie ».
Henri Fantin-Latour cité dans Fantin-Latour, À fleur de peau, cat. exp., Musée du Luxembourg, Paris et Musée de Grenoble, Grenoble, 2016-2017.
"I began by copying the Masters, then life itself. For some years now I've been painting my dreams. I have slowly moved from reality to dreams. This journey has lasted almost all my life.Henri Fantin-Latour quoted in Fantin-Latour, À fleur de peau, exh. cat., Musée du Luxembourg, Paris and Musée de Grenoble, Grenoble, 2016-2017.
Henri Fantin-Latour se fait tout d’abord un nom en peignant des portraits et des natures mortes, avant de se laisser aller à ce qu’il appelle ses « projets d’imagination ». L’imagination devient alors sa source d’inspiration, libérée par la musique et la féérie. Véritable mélomane, il représente les œuvres de Wagner, Schumann et Berlioz, dont les compositions lui permettent d’exprimer son âme de poète et son penchant pour l’onirique et le voluptueux. Il explore tout un monde, loin des contraintes commerciales.
Fou d’inspiration, Fantin-Latour réalise tout d’abord des lithographies, qu’il décline par la suite en couleurs en faisant des pastels et des huiles. De 1876 à 1899, il réalise alors 85 lithographies qu’il présente au Salon, faisant de ce nouveau sujet le thème de prédilection de la majorité de ses créations de l’époque.
Parmi ses compositeurs préférés, Wagner occupe une place particulière, même si à l’époque ce dernier souffre d’une impopularité aussi bien politique qu’artistique en France. Cela est notamment dû à sa farce anti-française publiée après le siège de Paris de 1870, Eine Kapitulation (1873). Fantin-Latour est alors le seul grand artiste de cette période à le soutenir ; ce dernier collabore d’ailleurs à La Revue Wagnérienne, lors de sa création en février 1885. Le peintre est particulièrement marqué par le chef d’œuvre romantique de Wagner, Lohengrin, et notamment par son prélude, souvent considéré comme le morceau le plus important de cet opéra.
Le choix d’un prélude, et non d’une ouverture classique, crée une continuité de la composition, lie la musique au texte : Fantin-Latour introduit alors des tonalités et motifs dont découleront toutes les situations au fil de l’histoire. Cela permet aussi d’immerger le spectateur dans une œuvre d’art total : Baudelaire se servira d’ailleurs de ce prélude pour illustrer sa théorie de correspondance entre les arts.
Dans cet opéra, Lohengrin, chevalier du Saint Graal, est envoyé sur son cygne sauver l’innocente Elsa de Brabant, accusée d’avoir tué son jeune frère. Dans le prélude, le Saint Graal descend du ciel pour lui donner des pouvoirs et ainsi l’aider dans sa quête.
Fantin-Latour représente ce prélude instrumental en suivant à la lettre le texte du programme de Wagner : on voit Lohengrin de dos au premier plan, tête nue, agenouillé et les mains jointes « quand enfin le Saint-Graal lui-même apparaît au milieu du cortège sacré, il s’abîme dans une adoration extatique, comme si le monde entier eut disparu » (C. Baudelaire, L'Art romantique, Paris, 1869, p. 212). Caractéristique de l’artiste, la lumière douce, vaporeuse, centralisée sur l’ange, invite le regard vers le haut, laissant le chevalier émerger doucement de l’ombre.
Les représentations d’opéra en gravure, pastels et huiles firent le succès de Fantin-Latour. L'artiste exposera d’ailleurs la présente œuvre au Salon de 1892, sous le numéro 656. Le fils de Wagner, Siegfried, écrira par la suite dans une lettre en 1903 « Je suppose que vous ne me demandez pas mon avis sur les illustrations des œuvres de mon père par M. Fantin-Latour, car depuis bon nombre d’années, elles occupent un rang parmi les compositions de ce genre les mieux appréciées et les plus renommées ». - Charles Edward Haviland, Paris (avant 1906 et jusqu'à au moins 1911). | Galerie Durand-Ruel, Paris. | Georges Bernheim, Paris. | F. & J. Tempelaere, Paris. | Collection Lintillac, Vichy. | Albert Bellanger, Paris (en 1935). | Huinck & Scherjon N. V., Amsterdam (avant 1938). | Vente, Mensing & Fils (Frederik Muller & Cie), Amsterdam, 8 novembre 1955, lot 16. | Vente, Palais Galliera, Paris, 19 juin 1963, lot 19. | Sam Josefowitz, Pully (acquis au cours de cette vente).
Henri Fantin-Latour cité dans Fantin-Latour, À fleur de peau, cat. exp., Musée du Luxembourg, Paris et Musée de Grenoble, Grenoble, 2016-2017.
"I began by copying the Masters, then life itself. For some years now I've been painting my dreams. I have slowly moved from reality to dreams. This journey has lasted almost all my life.Henri Fantin-Latour quoted in Fantin-Latour, À fleur de peau, exh. cat., Musée du Luxembourg, Paris and Musée de Grenoble, Grenoble, 2016-2017.
Henri Fantin-Latour se fait tout d’abord un nom en peignant des portraits et des natures mortes, avant de se laisser aller à ce qu’il appelle ses « projets d’imagination ». L’imagination devient alors sa source d’inspiration, libérée par la musique et la féérie. Véritable mélomane, il représente les œuvres de Wagner, Schumann et Berlioz, dont les compositions lui permettent d’exprimer son âme de poète et son penchant pour l’onirique et le voluptueux. Il explore tout un monde, loin des contraintes commerciales.
Fou d’inspiration, Fantin-Latour réalise tout d’abord des lithographies, qu’il décline par la suite en couleurs en faisant des pastels et des huiles. De 1876 à 1899, il réalise alors 85 lithographies qu’il présente au Salon, faisant de ce nouveau sujet le thème de prédilection de la majorité de ses créations de l’époque.
Parmi ses compositeurs préférés, Wagner occupe une place particulière, même si à l’époque ce dernier souffre d’une impopularité aussi bien politique qu’artistique en France. Cela est notamment dû à sa farce anti-française publiée après le siège de Paris de 1870, Eine Kapitulation (1873). Fantin-Latour est alors le seul grand artiste de cette période à le soutenir ; ce dernier collabore d’ailleurs à La Revue Wagnérienne, lors de sa création en février 1885. Le peintre est particulièrement marqué par le chef d’œuvre romantique de Wagner, Lohengrin, et notamment par son prélude, souvent considéré comme le morceau le plus important de cet opéra.
Le choix d’un prélude, et non d’une ouverture classique, crée une continuité de la composition, lie la musique au texte : Fantin-Latour introduit alors des tonalités et motifs dont découleront toutes les situations au fil de l’histoire. Cela permet aussi d’immerger le spectateur dans une œuvre d’art total : Baudelaire se servira d’ailleurs de ce prélude pour illustrer sa théorie de correspondance entre les arts.
Dans cet opéra, Lohengrin, chevalier du Saint Graal, est envoyé sur son cygne sauver l’innocente Elsa de Brabant, accusée d’avoir tué son jeune frère. Dans le prélude, le Saint Graal descend du ciel pour lui donner des pouvoirs et ainsi l’aider dans sa quête.
Fantin-Latour représente ce prélude instrumental en suivant à la lettre le texte du programme de Wagner : on voit Lohengrin de dos au premier plan, tête nue, agenouillé et les mains jointes « quand enfin le Saint-Graal lui-même apparaît au milieu du cortège sacré, il s’abîme dans une adoration extatique, comme si le monde entier eut disparu » (C. Baudelaire, L'Art romantique, Paris, 1869, p. 212). Caractéristique de l’artiste, la lumière douce, vaporeuse, centralisée sur l’ange, invite le regard vers le haut, laissant le chevalier émerger doucement de l’ombre.
Les représentations d’opéra en gravure, pastels et huiles firent le succès de Fantin-Latour. L'artiste exposera d’ailleurs la présente œuvre au Salon de 1892, sous le numéro 656. Le fils de Wagner, Siegfried, écrira par la suite dans une lettre en 1903 « Je suppose que vous ne me demandez pas mon avis sur les illustrations des œuvres de mon père par M. Fantin-Latour, car depuis bon nombre d’années, elles occupent un rang parmi les compositions de ce genre les mieux appréciées et les plus renommées ». - Charles Edward Haviland, Paris (avant 1906 et jusqu'à au moins 1911). | Galerie Durand-Ruel, Paris. | Georges Bernheim, Paris. | F. & J. Tempelaere, Paris. | Collection Lintillac, Vichy. | Albert Bellanger, Paris (en 1935). | Huinck & Scherjon N. V., Amsterdam (avant 1938). | Vente, Mensing & Fils (Frederik Muller & Cie), Amsterdam, 8 novembre 1955, lot 16. | Vente, Palais Galliera, Paris, 19 juin 1963, lot 19. | Sam Josefowitz, Pully (acquis au cours de cette vente).