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Laurent De La Hyre
Narcisse
Estimate: 200.000 - 300.000 EUR
Price realised: 918.400 EUR
Price realised: 918.400 EUR
Description
Huile sur toile
(Petits manques)
Narcissus, oil on canvas, by L. de La Hyre
h: 100 w: 136,50 cm
Provenance : Vente anonyme ; Londres, Christie's, 19 juillet 1929, n° 111
Bibliographie : Pierre Rosenberg et Jacques Thuillier, 'Laurent de La Hyre 1606-1656. L'homme et l'oeuvre', Genève, 1988, p. 242, n° 199, repr.
Commentaire : Dans un calme paysage, le jeune et beau Narcisse " épuisé par une chasse animée sous la chaleur ", s'est allongé près d'une source " limpide, aux ondes brillantes et argentées ", pour s'y désaltérer, mais - continue Ovide - " tandis qu'il désire apaiser sa soif, une autre soif grandit en lui : en buvant, il est saisi par l'image de la beauté qu'il aperçoit. (…) Il est ébloui par sa propre personne et, visage immobile, reste cloué sur place, telle une statue en marbre de Paros. Couché par terre, il contemple deux astres, ses propres yeux, et ses cheveux, dignes de Bacchus, dignes même d'Apollon, ses joues d'enfant, sa nuque d'ivoire, sa bouche parfaite et son teint rosé mêlé à une blancheur de neige. Admirant tous les détails qui le rendent admirable, sans le savoir, il se désire et, en louant, il se loue lui-même ; (…) il embrase et brûle tout à la fois. Que de fois il a donné de vains baisers à la source fallacieuse, que de fois il a plongé
Le merveilleux tableau de Laurent de La Hyre que nous présentons ici, dont la trace avait été perdue après son passage en vente en 1929 et qui réapparaît dans un merveilleux état de conservation, en est un témoignage magistral. Le peintre y démontre sa culture classique et sa grande admiration pour les anciens, servies par un pinceau délicat et une singulière poésie qui n'appartiennent qu'à lui. Avec beaucoup de sensibilité esthétique, La Hyre a placé dans le site idéal décris par Ovide un rebord de pierres circulaire, fragmentaire, moussu et brisé par endroits, pour enchâsser les eaux limpides de la source. A ses côtés, un imposant bloc de pierre sculpté d'un relief représentant un sacrifice antique, sert d'accotoir à deux nymphes, dont l'une évoque sans doute Echo, éconduite par le beau Narcisse et réduite progressivement à sa simple voix par le chagrin, dont Ovide indique la présence compatissante auprès du jeune homme jusqu'à sa mort. La singularité
Cette composition et cinq autres firent l'objet d'une tenture dite " des Amours des dieux ", inventoriée en 1673 dans le Mobilier de la Couronne. Disparate dans les sujets et les formats, elle rassemble des tapisseries inspirées de tableaux de Laurent de La Hyre qui, comme celui que nous présentons ici, ne semblent pas avoir été conçus dans cette perspective et ne constituent pour aucun des cartons de tapisserie. Elle dut donc être réalisée a posteriori, sans doute dans les années 1640, en lien avec Alexandre de Comans, qui dirigeait la manufacture du faubourg Saint-Marcel. Parmi les tableaux répertoriés qui ont inspiré cette tenture, 'L'Enlèvement d'Europe', conservé au Museum of Fine Arts de Houston, est en effet daté de 1644 3. Plusieurs tapisseries illustrant notre Narcisse sont conservées, et deux copies du tableau sont répertoriées4, témoignant du succès de cette composition.
Laurent de La Hyre ne fit jamais le voyage à Rome et son œuvre est volontiers considéré comme résolument français. Issu de l'atelier de Georges Lallemant, ses débuts témoignent d'une grande observation du maniérisme bellifontain avant de se trouver une manière propre, empreinte à la fois de réalisme et de lyrisme, qui lui permet de rivaliser avec Simon Vouet et lui vaut de nombreuses commandes religieuses et privées. Le bref séjour de Nicolas Poussin à Paris entre 1640 et 1642 marque le retour du goût pour l'Antique et le classicisme dans la capitale et fut à l'origine de l'" atticisme parisien " dont Laurent de La Hyre, avec ses compositions élégantes et délicates, fut l'un des principaux représentants.
(Petits manques)
Narcissus, oil on canvas, by L. de La Hyre
h: 100 w: 136,50 cm
Provenance : Vente anonyme ; Londres, Christie's, 19 juillet 1929, n° 111
Bibliographie : Pierre Rosenberg et Jacques Thuillier, 'Laurent de La Hyre 1606-1656. L'homme et l'oeuvre', Genève, 1988, p. 242, n° 199, repr.
Commentaire : Dans un calme paysage, le jeune et beau Narcisse " épuisé par une chasse animée sous la chaleur ", s'est allongé près d'une source " limpide, aux ondes brillantes et argentées ", pour s'y désaltérer, mais - continue Ovide - " tandis qu'il désire apaiser sa soif, une autre soif grandit en lui : en buvant, il est saisi par l'image de la beauté qu'il aperçoit. (…) Il est ébloui par sa propre personne et, visage immobile, reste cloué sur place, telle une statue en marbre de Paros. Couché par terre, il contemple deux astres, ses propres yeux, et ses cheveux, dignes de Bacchus, dignes même d'Apollon, ses joues d'enfant, sa nuque d'ivoire, sa bouche parfaite et son teint rosé mêlé à une blancheur de neige. Admirant tous les détails qui le rendent admirable, sans le savoir, il se désire et, en louant, il se loue lui-même ; (…) il embrase et brûle tout à la fois. Que de fois il a donné de vains baisers à la source fallacieuse, que de fois il a plongé
Le merveilleux tableau de Laurent de La Hyre que nous présentons ici, dont la trace avait été perdue après son passage en vente en 1929 et qui réapparaît dans un merveilleux état de conservation, en est un témoignage magistral. Le peintre y démontre sa culture classique et sa grande admiration pour les anciens, servies par un pinceau délicat et une singulière poésie qui n'appartiennent qu'à lui. Avec beaucoup de sensibilité esthétique, La Hyre a placé dans le site idéal décris par Ovide un rebord de pierres circulaire, fragmentaire, moussu et brisé par endroits, pour enchâsser les eaux limpides de la source. A ses côtés, un imposant bloc de pierre sculpté d'un relief représentant un sacrifice antique, sert d'accotoir à deux nymphes, dont l'une évoque sans doute Echo, éconduite par le beau Narcisse et réduite progressivement à sa simple voix par le chagrin, dont Ovide indique la présence compatissante auprès du jeune homme jusqu'à sa mort. La singularité
Cette composition et cinq autres firent l'objet d'une tenture dite " des Amours des dieux ", inventoriée en 1673 dans le Mobilier de la Couronne. Disparate dans les sujets et les formats, elle rassemble des tapisseries inspirées de tableaux de Laurent de La Hyre qui, comme celui que nous présentons ici, ne semblent pas avoir été conçus dans cette perspective et ne constituent pour aucun des cartons de tapisserie. Elle dut donc être réalisée a posteriori, sans doute dans les années 1640, en lien avec Alexandre de Comans, qui dirigeait la manufacture du faubourg Saint-Marcel. Parmi les tableaux répertoriés qui ont inspiré cette tenture, 'L'Enlèvement d'Europe', conservé au Museum of Fine Arts de Houston, est en effet daté de 1644 3. Plusieurs tapisseries illustrant notre Narcisse sont conservées, et deux copies du tableau sont répertoriées4, témoignant du succès de cette composition.
Laurent de La Hyre ne fit jamais le voyage à Rome et son œuvre est volontiers considéré comme résolument français. Issu de l'atelier de Georges Lallemant, ses débuts témoignent d'une grande observation du maniérisme bellifontain avant de se trouver une manière propre, empreinte à la fois de réalisme et de lyrisme, qui lui permet de rivaliser avec Simon Vouet et lui vaut de nombreuses commandes religieuses et privées. Le bref séjour de Nicolas Poussin à Paris entre 1640 et 1642 marque le retour du goût pour l'Antique et le classicisme dans la capitale et fut à l'origine de l'" atticisme parisien " dont Laurent de La Hyre, avec ses compositions élégantes et délicates, fut l'un des principaux représentants.
A top price for Laurent de la Hyre
When the work Narcisse by Laurent de la Hyre was auctioned at Artcurial in Paris in November last year, the result exceeded expectations many times over. The upper estimate was set at - in retrospect quite modest - EUR 300,000.00 but the actual price achieved was more than three times as high at EUR 918,400.00. This high result makes Narcisse the most expensive artwork by Laurent de la Hyre that we have observed at auctions so far.
Ein Spitzenpreis für Laurent de la Hyre
Als die Arbeit Narcisse von Laurent de la Hyre im November letzten Jahres bei Artcurial in Paris versteigert wurde, übertraf das Ergebnis die Erwartungen um ein Vielfaches. Der obere Schätzpreis war mit – rückwirkend betrachtet recht bescheidenen – EUR 300.000,00 angesetzt, der tatsächlich erzielte Preis hingegen war mit EUR 918.400,00 mehr als dreimal so hoch. Dieses hohe Ergebnis macht Narcisse zu dem teuersten Kunstwerk von Laurent de la Hyre, das wir bisher bei Auktionen beobachtet haben.