- Art.Salon
- Artists
- Émile René Lafont
- Griffon Soutenant Un Miroir Circulaire
Emile-René Lafont
Griffon Soutenant Un Miroir Circulaire
Found at
Artcurial
Old Master & 19th Century Paintings and Drawings, Sculptures, Lot 153
26. Mar - 26. Mar 2014
Old Master & 19th Century Paintings and Drawings, Sculptures, Lot 153
26. Mar - 26. Mar 2014
Estimate: 5.000 - 7.000 EUR
Price realised: 7.150 EUR
Price realised: 7.150 EUR
Description
Bronze à patine brune foncée
Signé 'E Lafont' sur la base
Porte la marque du fondeur Delafontaine
Hauteur : 54 cm (21,30 in.)
'GRIFFIN SUPPORTING A MIRROR', BRONZE, SIGNED, BY E.-R. LAFONT
Commentaire : L'esprit fin de siècle de notre objet saisissant rappelle immanquablement l'autoportrait de Sarah Bernhardt, icône des peintres de l'Art Nouveau, surnommée " monstre sacré " par Jean Cocteau, qui s'est elle-même statufiée et transformée en monstre hybride en 1875 (fig. 1). S'affublant d'ailes de chauve-souris, le col serré dans une lavallière, coiffée d'un haut chignon, des masques théâtraux en guise d'épaulettes, ses griffes léonines agrippent un encrier, ou une sorte de bénitier, sur lequel veille la figure du diable : voilà la représentation dramatique que la tragédienne fit d'elle-même. Le bronze patiné, froid, dense, précis et presque inaltérable apporte à cet autoportrait, comme à notre miroir soutenu par un griffon, une dimension sublime.
Le griffon, conducteur vers le ciel des âmes des morts dans l'Antiquité, incarne dans l'iconographie moderne la dualité christique et la complexité des forces humaines, donnée à la fois par le caractère puissant et bénéfique de l'aigle et du lion protecteurs du ciel et de la terre et par la férocité même de ces animaux, en faisant au Moyen-âge le symbole du mal et du démon. Le sculpteur utilise cette créature légendaire pour supporter le miroir réflecteur de notre image, créant ainsi une œuvre parfaitement inscrite dans son époque où règnent sur Paris Gustave Moreau et Sarah Bernhardt.
Emile-René Lafont réalise cette " sculpture-miroir " dans la première partie de sa carrière, avant que ne débutent ses expositions régulières au Salon (1886-1902). L'artiste remporte une mention honorable au Salon de 1888 et l'Exposition Universelle de 1900 lui octroie une médaille de bronze. Il y présente notamment une allégorie de l'Art Décoratif aujourd'hui déposée sur l'escalier du Grand Palais. Ses œuvres, principalement parisiennes, sont visibles dans le foyer de l'Opéra-Comique (buste du compositeur Ambroise Thomas) ou dans le jardin du Conservatoire de Musique (statue de Mignon de l'opéra lyrique éponyme).
Spécialiste des bronzes ornementaux inspirés de l'antique, la manufacture de Pierre-Maximilien Delafontaine, renommée dès la fin de l'Ancien Régime, exécute également des objets de petite dimension à partir de 1848 et jusqu'en 1905, années pendant lesquelles le fils puis petit-fils se tournent vers la statuaire d'édition d'art (Barye, Pradier, Cavelier…).
Signé 'E Lafont' sur la base
Porte la marque du fondeur Delafontaine
Hauteur : 54 cm (21,30 in.)
'GRIFFIN SUPPORTING A MIRROR', BRONZE, SIGNED, BY E.-R. LAFONT
Commentaire : L'esprit fin de siècle de notre objet saisissant rappelle immanquablement l'autoportrait de Sarah Bernhardt, icône des peintres de l'Art Nouveau, surnommée " monstre sacré " par Jean Cocteau, qui s'est elle-même statufiée et transformée en monstre hybride en 1875 (fig. 1). S'affublant d'ailes de chauve-souris, le col serré dans une lavallière, coiffée d'un haut chignon, des masques théâtraux en guise d'épaulettes, ses griffes léonines agrippent un encrier, ou une sorte de bénitier, sur lequel veille la figure du diable : voilà la représentation dramatique que la tragédienne fit d'elle-même. Le bronze patiné, froid, dense, précis et presque inaltérable apporte à cet autoportrait, comme à notre miroir soutenu par un griffon, une dimension sublime.
Le griffon, conducteur vers le ciel des âmes des morts dans l'Antiquité, incarne dans l'iconographie moderne la dualité christique et la complexité des forces humaines, donnée à la fois par le caractère puissant et bénéfique de l'aigle et du lion protecteurs du ciel et de la terre et par la férocité même de ces animaux, en faisant au Moyen-âge le symbole du mal et du démon. Le sculpteur utilise cette créature légendaire pour supporter le miroir réflecteur de notre image, créant ainsi une œuvre parfaitement inscrite dans son époque où règnent sur Paris Gustave Moreau et Sarah Bernhardt.
Emile-René Lafont réalise cette " sculpture-miroir " dans la première partie de sa carrière, avant que ne débutent ses expositions régulières au Salon (1886-1902). L'artiste remporte une mention honorable au Salon de 1888 et l'Exposition Universelle de 1900 lui octroie une médaille de bronze. Il y présente notamment une allégorie de l'Art Décoratif aujourd'hui déposée sur l'escalier du Grand Palais. Ses œuvres, principalement parisiennes, sont visibles dans le foyer de l'Opéra-Comique (buste du compositeur Ambroise Thomas) ou dans le jardin du Conservatoire de Musique (statue de Mignon de l'opéra lyrique éponyme).
Spécialiste des bronzes ornementaux inspirés de l'antique, la manufacture de Pierre-Maximilien Delafontaine, renommée dès la fin de l'Ancien Régime, exécute également des objets de petite dimension à partir de 1848 et jusqu'en 1905, années pendant lesquelles le fils puis petit-fils se tournent vers la statuaire d'édition d'art (Barye, Pradier, Cavelier…).