Berthe Morisot
Petite fille aux cheveux blonds
Found at
Christies,
Paris
Art Impressionniste & Moderne : OEuvres choisies, Lot 15
9. Apr - 9. Apr 2024
Art Impressionniste & Moderne : OEuvres choisies, Lot 15
9. Apr - 9. Apr 2024
Estimate: 180.000 - 250.000 EUR
Price realised: 378.000 EUR
Price realised: 378.000 EUR
Description
« Fixer quelque chose de ce qui se passe » : c’est l’ambition de Berthe Morisot, dont la touche si vivace et libre rend vivante chacune de ses toiles. La modernité de ses traits contraste avec son désir si simple de représenter le quotidien, sa vie, ceux qu’elle aime.
Considérée comme une artiste majeure de l’impressionnisme et de l’avant-garde parisienne, Berthe Morisot s’amuse à repousser toutes les barrières, en devenant presque une des précurseurs de l’abstraction expressionniste. Sa condition de femme artiste est déjà en elle-même révolutionnaire.
Lors de la première exposition impressionniste qui se déroula il y a 150 ans jour pour jour en avril 1874, dans l’ancien atelier du photographe Nadar, 29 peintres exposent, et parmi eux une seule femme : Berthe Morisot. Aux côtés de Cézanne, Monet, Renoir ou encore Pissarro et Degas, ils ont ensemble fondé la « Société anonyme coopérative des artistes peintres, sculpteurs et graveurs », afin de déjouer les carcans du Salon. Des huit expositions organisés par les Impressionnistes, Berthe Morisot participera à sept.
A l’époque, les femmes artistes existent, mais rangent les pinceaux une fois mariées afin de se consacrer à leur vie de famille. Ce sera le cas d’Edma, la sœur de Berthe. Mais Berthe ne s’arrêtera jamais, et transmettra même sa passion de peindre à sa fille, Julie Manet, et ses nièces, Paule et Jeannie Gobillard. Berthe n’hésitera pas à dire : « je ne crois pas qu’il y ait jamais eu un homme traitant une femme d’égal à égal, et c’est tout ce que j’aurais demandé. Car je sais que je les vaux ». L’artiste ne cesse de jouer entre l’esquisse et le fini, ses œuvres surprenant alors par cette oscillation entre achevé et inachevé. C’est ce qui donne encore plus de force à son coup de pinceau, d’inspiration voire même de radicalité, mais surtout plus de vie à ses sujets. Chaque personnage s’anime au rythme des traits et prend avec audace corps sur la toile.
La présente Petite fille aux cheveux blonds – portrait de la première propriétaire et nièce de l’artiste, Jeannie Gobillard, enfant - est d’autant plus intéressante par ce jeu fini/infini. L’œuvre, décrite avec des dimensions erronées dans toute sa littérature, a longtemps été replié sur son châssis pour une raison inconnue, dissimulant alors sa vraie grandeur. Lorsque le châssis fut retiré et la toile montée dans son nouveau cadre, la découverte fut surprenante : non seulement le tableau gagne en taille et en importance de tous côtés, mais en plus il dévoile à l’arrière une toute nouvelle œuvre remarquable.
Ce revers caché, étant resté depuis toujours dans la même collection – celle de Jeannie Gobillard (1877-1970) et de Paul Valéry (1871-1945) – fut un temps attribué à Berthe Morisot par la famille. Plus récemment, la touche de cette œuvre redécouverte a été rapprochée à celle de la nièce de Morisot, Paule Gobillard (1867-1946), elle-même artiste, ayant été formée par sa tante entre autres. Quoiqu’il en soit, il s’agit bien d’une copie d’un portrait très connu de Morisot, peint par Edouard Manet (1832-1883) en 1874, intitulé Berthe Morisot à l’éventail. L’original, accroché pendant des années dans la salle à manger des Morisot, appartient aux collections du Musée d’Orsay, et est aujourd’hui en dépôt au Palais des Beaux-Arts de Lille. La comparaison des deux toiles met en valeur les touches plus douces de ce revers, également caractérisée par sa palette plus vive et spontanée. En soit, une femme peinte par une femme.
Cette œuvre désormais double-face et absolument fascinante apparaît alors très émouvante, retraçant toute la lignée d’artistes d’un seul et même arbre généalogique : Berthe Morisot en a fait don à son modèle, la petite Jeannie Gobillard, dont la sœur Paule est peut-être l’auteur du portrait de Morisot fait d’après celui de Manet figurant sur le revers. Il est vrai que Paule a peint plusieurs œuvres d’après les originaux d’Edouard Manet, le beau-frère de Berthe Morisot, dont probablement le Portrait de Berthe Morisot étendue de 1873, aujourd’hui conservée au Musée Marmottan, Paris.
Petite fille aux cheveux blonds est donc d’autant plus une œuvre unique dans l’œuvre de Morisot, non seulement par ce portrait au revers très intriguant et emblématique qui rend hommage à Morisot et Manet simultanément, mais aussi par le fait de mettre en avant la famille extraordinaire des Morisot, Gobillard, Manet, tous liés par le sang mais surtout par l’amour de l’art. Jeannie, la petite fille aux cheveux blonds représentée sur le recto de la présente œuvre, épousera Paul Valéry, poète et écrivain emblématique français. Le 31 mai 1900 à Passy, elle se marie le même jour que sa cousine, Julie Manet (1878-1966), fille de Berthe Morisot et Eugène Manet (et donc nièce d’Edouard Manet), qui elle, épouse le peintre Ernest Rouart (1874-1942). Les deux jeunes cousines, Jeannie et Julie, pratiquement élevées ensemble, perpétuent dans leurs mariages respectifs cette lignée artistique.
To "capture something of what's happening": this was the ambition of Berthe Morisot, whose free, lively touch brought each of her canvases to life. The modernity of her strokes contrasts with her simple desire to depict everyday life, her life and those she loved.
Considered a major artist of Impressionism and the Parisian avant-garde, Berthe Morisot enjoyed pushing back all barriers, becoming almost a precursor of Expressionist abstraction. Her status as a woman artist was revolutionary in itself. - Jeannie Gobillard, France (don de l'artiste). | Puis par descendance au propriétaire actuel.
Considérée comme une artiste majeure de l’impressionnisme et de l’avant-garde parisienne, Berthe Morisot s’amuse à repousser toutes les barrières, en devenant presque une des précurseurs de l’abstraction expressionniste. Sa condition de femme artiste est déjà en elle-même révolutionnaire.
Lors de la première exposition impressionniste qui se déroula il y a 150 ans jour pour jour en avril 1874, dans l’ancien atelier du photographe Nadar, 29 peintres exposent, et parmi eux une seule femme : Berthe Morisot. Aux côtés de Cézanne, Monet, Renoir ou encore Pissarro et Degas, ils ont ensemble fondé la « Société anonyme coopérative des artistes peintres, sculpteurs et graveurs », afin de déjouer les carcans du Salon. Des huit expositions organisés par les Impressionnistes, Berthe Morisot participera à sept.
A l’époque, les femmes artistes existent, mais rangent les pinceaux une fois mariées afin de se consacrer à leur vie de famille. Ce sera le cas d’Edma, la sœur de Berthe. Mais Berthe ne s’arrêtera jamais, et transmettra même sa passion de peindre à sa fille, Julie Manet, et ses nièces, Paule et Jeannie Gobillard. Berthe n’hésitera pas à dire : « je ne crois pas qu’il y ait jamais eu un homme traitant une femme d’égal à égal, et c’est tout ce que j’aurais demandé. Car je sais que je les vaux ». L’artiste ne cesse de jouer entre l’esquisse et le fini, ses œuvres surprenant alors par cette oscillation entre achevé et inachevé. C’est ce qui donne encore plus de force à son coup de pinceau, d’inspiration voire même de radicalité, mais surtout plus de vie à ses sujets. Chaque personnage s’anime au rythme des traits et prend avec audace corps sur la toile.
La présente Petite fille aux cheveux blonds – portrait de la première propriétaire et nièce de l’artiste, Jeannie Gobillard, enfant - est d’autant plus intéressante par ce jeu fini/infini. L’œuvre, décrite avec des dimensions erronées dans toute sa littérature, a longtemps été replié sur son châssis pour une raison inconnue, dissimulant alors sa vraie grandeur. Lorsque le châssis fut retiré et la toile montée dans son nouveau cadre, la découverte fut surprenante : non seulement le tableau gagne en taille et en importance de tous côtés, mais en plus il dévoile à l’arrière une toute nouvelle œuvre remarquable.
Ce revers caché, étant resté depuis toujours dans la même collection – celle de Jeannie Gobillard (1877-1970) et de Paul Valéry (1871-1945) – fut un temps attribué à Berthe Morisot par la famille. Plus récemment, la touche de cette œuvre redécouverte a été rapprochée à celle de la nièce de Morisot, Paule Gobillard (1867-1946), elle-même artiste, ayant été formée par sa tante entre autres. Quoiqu’il en soit, il s’agit bien d’une copie d’un portrait très connu de Morisot, peint par Edouard Manet (1832-1883) en 1874, intitulé Berthe Morisot à l’éventail. L’original, accroché pendant des années dans la salle à manger des Morisot, appartient aux collections du Musée d’Orsay, et est aujourd’hui en dépôt au Palais des Beaux-Arts de Lille. La comparaison des deux toiles met en valeur les touches plus douces de ce revers, également caractérisée par sa palette plus vive et spontanée. En soit, une femme peinte par une femme.
Cette œuvre désormais double-face et absolument fascinante apparaît alors très émouvante, retraçant toute la lignée d’artistes d’un seul et même arbre généalogique : Berthe Morisot en a fait don à son modèle, la petite Jeannie Gobillard, dont la sœur Paule est peut-être l’auteur du portrait de Morisot fait d’après celui de Manet figurant sur le revers. Il est vrai que Paule a peint plusieurs œuvres d’après les originaux d’Edouard Manet, le beau-frère de Berthe Morisot, dont probablement le Portrait de Berthe Morisot étendue de 1873, aujourd’hui conservée au Musée Marmottan, Paris.
Petite fille aux cheveux blonds est donc d’autant plus une œuvre unique dans l’œuvre de Morisot, non seulement par ce portrait au revers très intriguant et emblématique qui rend hommage à Morisot et Manet simultanément, mais aussi par le fait de mettre en avant la famille extraordinaire des Morisot, Gobillard, Manet, tous liés par le sang mais surtout par l’amour de l’art. Jeannie, la petite fille aux cheveux blonds représentée sur le recto de la présente œuvre, épousera Paul Valéry, poète et écrivain emblématique français. Le 31 mai 1900 à Passy, elle se marie le même jour que sa cousine, Julie Manet (1878-1966), fille de Berthe Morisot et Eugène Manet (et donc nièce d’Edouard Manet), qui elle, épouse le peintre Ernest Rouart (1874-1942). Les deux jeunes cousines, Jeannie et Julie, pratiquement élevées ensemble, perpétuent dans leurs mariages respectifs cette lignée artistique.
To "capture something of what's happening": this was the ambition of Berthe Morisot, whose free, lively touch brought each of her canvases to life. The modernity of her strokes contrasts with her simple desire to depict everyday life, her life and those she loved.
Considered a major artist of Impressionism and the Parisian avant-garde, Berthe Morisot enjoyed pushing back all barriers, becoming almost a precursor of Expressionist abstraction. Her status as a woman artist was revolutionary in itself. - Jeannie Gobillard, France (don de l'artiste). | Puis par descendance au propriétaire actuel.
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