Paul Sérusier
Coiffe enlevée
Found at
Christies,
Hong Kong
La Collection Sam Josefowitz: Vente du Soir, Lot 110
20. Oct - 20. Oct 2023
La Collection Sam Josefowitz: Vente du Soir, Lot 110
20. Oct - 20. Oct 2023
Estimate: 200.000 - 300.000 EUR
Price realised: 151.200 EUR
Price realised: 151.200 EUR
Description
Venu passer quelques mois en 1888 dans ce coin de Pont-Aven, dont il avait commencé à entendre parler dans les cercles parisiens, Paul Sérusier passe un été qui sera décisif dans sa carrière picturale. D’une part il découvre la force tranquille que dégagent ces terres bretonnes, la lumière d’une qualité exceptionnelle, les habitants prêts à poser dans leurs costumes locaux, et les sujets qui abondent, tous plus pittoresques les que les autres. Subjugué par ce petit coin du Finistère, il s’y installera pendant 2 ans de 1891 à 1893, au village d’Huelgoat, situé à une soixantaine de kilomètres de Pont-Aven. D’autre part, et peut-être le plus important, il rencontre enfin Gauguin qu’il admire depuis quelques temps mais qu’il n’ose approcher. Logeant dans la même pension que lui au Pouldu, il lui est présenté par l’entremise d’Émile Bernard. Peignant encore de manière académique, à la manière de Jules-Bastien Lepage, Sérusier opère un revirement radical dans son traitement des formes et des couleurs, à la suite d’une leçon donnée par Gauguin, au Bois d’Amour.
De retour de Bretagne, Sérusier s’empresse de conter sa rencontre à ses amis peintres parmi lesquels Maurice Denis qui écrit: «C’est à la rentrée de 1888 que le nom de Gauguin nous fut révélé par Sérusier, de retour de Pont-Aven. (…) Ainsi nous fut présenté, pour la première fois, sous une forme paradoxale, inoubliable, le fertile concept de la “surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées”» ( P.- L. Maud, «L’influence de Paul Gauguin», L’Occident, octobre 1903, p. 160-161). Dès lors, l’influence de Gauguin sur Sérusier ne s’éteindra pas, tant dans le traitement que dans les sujets, comme
le montre le profil de la jeune femme présentée ici, dont les traits semblent tout droit tirés du bas-relief de Gauguin sculpté un an auparavant Soyez Mystérieuses.
Cette similitude frappante n’en est pour le moins pas étonnante quand on sait que les peintres venus à Pont-Aven faisaient appel aux mêmes modèles, à savoir les locaux. Ici, à la différence de Gauguin qui idéalise et transpose le visage de la jeune femme dans son œuvre onirique, Sérusier décide d’inscrire le moment dans son cadre breton, avec un arrière-plan très boisé et anguleux, caractéristique du village où il est installé. Tout en gardant en tête les conseils de Gauguin, Sérusier livre ici une approche simplifiée, comme la palette qui se réduit en échelle et en intensité ou bien les zones de couleurs qui s’aplatissent, avec une utilisation beaucoup moins fréquente du petit coup de pinceau. Le contour des sujets se fonce et ressort, contrastant avec la robe unie qui laisse place à un motif nabi simple et décoratif pour le tablier.
Visiting this corner of Pont-Aven for a few months in 1888, which he had heard about in the Parisian circles, Paul Sérusier spent a summer that would be decisive in his artistic career. He discovered the quiet strength that those Breton lands exude, the exceptional quality of its light, the inhabitants who were prepared to pose in their local costumes, and the abundance of subjects, each one more picturesque than the last. Captivated by this tiny corner of the Finistère, he would settle there for two years, from 1891 to 1893, in the village of Huelgoat, some sixty kilometres from Pont-Aven. Moreover, and perhaps most importantly, he finally met Gauguin, who he has admired for some time, but who he had not dared to approach. Staying at the same pension in Pouldu, they were introduced to one another through Émile Bernard. Still painting in an academic manner, in the manner of Jules-Bastien Lepage, Sérusier underwent a radical change of direction in his treatment of shapes and colours, following a lesson by Gauguin in the Bois d’Amour.
On his return from Brittany, Sérusier was quick to recount their meeting to his painter friends, including Maurice Denis, who wrote: “Early in the 1888 academic year, the name of Gauguin was revealed to us by Sérusier, returning from Pont-Aven. (…) And so we were presented, for the first time, with a paradoxical, unforgettable form, the fertile concept of the “flat surface covered with colours assembled in a certain order.” (P-L. Maud, “The influence of Paul Gauguin”, L’Occident, October 1903, p. 160-161). From then on, Gauguin’s influence on Sérusier would not diminish, both in his treatment, as well as in the subjects, as demonstrated by the profile of the young woman presented here, whose features seem to be taken directly from Gauguin’s bas-relief, Soyez Mystérieuses, carved one year earlier.
This striking similarity is very much unsurprising, knowing that the painters who visited Pont-Aven shared the same models, namely the locals. Here, unlike Gauguin, who idealized and transposed the face of the young woman in his dreamlike piece, Sérusier decided to place the moment in his Breton setting, with a highly wooded and angular background, characteristic of the village where he was staying. Whilst keeping Gauguin’s advice in mind, here Sérusier took a simplified approach, such as in his palette, which is reduced in scale and intensity, and the areas of colour which are flattened, with much less frequent use of small brushstrokes. The outline of the subjects darken and stands out, contrasting with the plain dress, giving way to a simple and decorative nabi motif on the apron.
- Atelier de l'artiste. | Marguerite-Claude Sérusier, France (par succession). | Paule-Henriette Boutaric, Paris (par descendance). | Sam Josefowitz, Pully (acquis auprès de celle-ci le 15 octobre 1962). | Puis par descendance aux propriétaires actuels.
De retour de Bretagne, Sérusier s’empresse de conter sa rencontre à ses amis peintres parmi lesquels Maurice Denis qui écrit: «C’est à la rentrée de 1888 que le nom de Gauguin nous fut révélé par Sérusier, de retour de Pont-Aven. (…) Ainsi nous fut présenté, pour la première fois, sous une forme paradoxale, inoubliable, le fertile concept de la “surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées”» ( P.- L. Maud, «L’influence de Paul Gauguin», L’Occident, octobre 1903, p. 160-161). Dès lors, l’influence de Gauguin sur Sérusier ne s’éteindra pas, tant dans le traitement que dans les sujets, comme
le montre le profil de la jeune femme présentée ici, dont les traits semblent tout droit tirés du bas-relief de Gauguin sculpté un an auparavant Soyez Mystérieuses.
Cette similitude frappante n’en est pour le moins pas étonnante quand on sait que les peintres venus à Pont-Aven faisaient appel aux mêmes modèles, à savoir les locaux. Ici, à la différence de Gauguin qui idéalise et transpose le visage de la jeune femme dans son œuvre onirique, Sérusier décide d’inscrire le moment dans son cadre breton, avec un arrière-plan très boisé et anguleux, caractéristique du village où il est installé. Tout en gardant en tête les conseils de Gauguin, Sérusier livre ici une approche simplifiée, comme la palette qui se réduit en échelle et en intensité ou bien les zones de couleurs qui s’aplatissent, avec une utilisation beaucoup moins fréquente du petit coup de pinceau. Le contour des sujets se fonce et ressort, contrastant avec la robe unie qui laisse place à un motif nabi simple et décoratif pour le tablier.
Visiting this corner of Pont-Aven for a few months in 1888, which he had heard about in the Parisian circles, Paul Sérusier spent a summer that would be decisive in his artistic career. He discovered the quiet strength that those Breton lands exude, the exceptional quality of its light, the inhabitants who were prepared to pose in their local costumes, and the abundance of subjects, each one more picturesque than the last. Captivated by this tiny corner of the Finistère, he would settle there for two years, from 1891 to 1893, in the village of Huelgoat, some sixty kilometres from Pont-Aven. Moreover, and perhaps most importantly, he finally met Gauguin, who he has admired for some time, but who he had not dared to approach. Staying at the same pension in Pouldu, they were introduced to one another through Émile Bernard. Still painting in an academic manner, in the manner of Jules-Bastien Lepage, Sérusier underwent a radical change of direction in his treatment of shapes and colours, following a lesson by Gauguin in the Bois d’Amour.
On his return from Brittany, Sérusier was quick to recount their meeting to his painter friends, including Maurice Denis, who wrote: “Early in the 1888 academic year, the name of Gauguin was revealed to us by Sérusier, returning from Pont-Aven. (…) And so we were presented, for the first time, with a paradoxical, unforgettable form, the fertile concept of the “flat surface covered with colours assembled in a certain order.” (P-L. Maud, “The influence of Paul Gauguin”, L’Occident, October 1903, p. 160-161). From then on, Gauguin’s influence on Sérusier would not diminish, both in his treatment, as well as in the subjects, as demonstrated by the profile of the young woman presented here, whose features seem to be taken directly from Gauguin’s bas-relief, Soyez Mystérieuses, carved one year earlier.
This striking similarity is very much unsurprising, knowing that the painters who visited Pont-Aven shared the same models, namely the locals. Here, unlike Gauguin, who idealized and transposed the face of the young woman in his dreamlike piece, Sérusier decided to place the moment in his Breton setting, with a highly wooded and angular background, characteristic of the village where he was staying. Whilst keeping Gauguin’s advice in mind, here Sérusier took a simplified approach, such as in his palette, which is reduced in scale and intensity, and the areas of colour which are flattened, with much less frequent use of small brushstrokes. The outline of the subjects darken and stands out, contrasting with the plain dress, giving way to a simple and decorative nabi motif on the apron.
- Atelier de l'artiste. | Marguerite-Claude Sérusier, France (par succession). | Paule-Henriette Boutaric, Paris (par descendance). | Sam Josefowitz, Pully (acquis auprès de celle-ci le 15 octobre 1962). | Puis par descendance aux propriétaires actuels.
Auction result misses estimated price range
When the work Coiffe enlevée by Paul Sérusier was auctioned at Christies in Hong Kong in October this year, the result was somewhat disappointing. The auction house had previously given the estimated price as a range of EUR 200,000.00 – 300,000.00, of which not even the lower limit was reached - in fact, the artwork changed hands for EUR 151,200.00. Of course, this price has nothing to do with the top prices that other works by Paul Sérusier achieve. The highest price we have observed so far was reached by the work Filles aux grands sables in November last year with an auction result of USD 1,740,000.00 (€ 1,685,556.52).
Auktionsergebnis verfehlt die Schätzpreisspanne
Als die Arbeit Coiffe enlevée von Paul Sérusier im Oktober diesen Jahres bei Christies in Hong Kong versteigert wurde, fiel das Ergebnis ein wenig enttäuschend aus. Das Auktionshaus hatte den Schätzpreis zuvor mit einer Spanne von EUR 200.000,00 – 300.000,00 angegeben, von der nicht einmal die Untergrenze erreicht wurde - tatsächlich wechselte das Kunstwerk für EUR 151.200,00 den Besitzer. Dieser Preis hat freilich nichts mit den Spitzenpreisen zu tun, die andere Arbeiten von Paul Sérusier erzielen. Den höchsten von uns bisher beobachteten Preis erreichte die Arbeit Filles aux grands sables im November letzten Jahres mit einem Auktionsergebnis von USD 1.740.000,00 (€ 1.685.556,52).